Guillaume, le ministre recyclé et le griot froissé
24 mars 2025Qui se sent morveux, qu'il se mouche.
Droit de réponse à la tribune de Guillaume Hawing parue dans Vision Guinée du 23 mars 2025 : La folie universelle ne doit pas fouetter l’esprit d’un écrivain (Par Guillaume Hawing)
Guillaume…
Tu as crié. Pas fort, non. Longuement. Embrouillé. Tu as crié parce qu’on t’a touché. Pas toi seulement. Toute la famille. Toute la lignée.
Ce n’est pas Monénembo que tu as entendu.
C’est ta conscience qui a hurlé.
Car quand il a dit :
"Cette vermine d’intelligentsia guinéenne",
tu t’es reconnu. Même si tu t’es regardé dans un miroir poli.
Quand il a écrit :
"Nos élites qu’elles soient civiles, religieuses ou militaires ont délibérément omis de jouer leur rôle.",
tu as senti le vent soulever ta robe d’apparat.
Quand il a hurlé :
"Elles ont baissé la culotte. Elles ont pactisé avec l’opprobre. Elles ont démissionné sans plier sous la honte.",
tu as vu ta signature sous un décret de soutien.
Alors tu t’es mis à écrire. Non pour répondre. Mais pour conjurer.
Tu t’es noyé dans les proverbes. Tu as invoqué le chômeur, le chimiste, le fou, le dieu…
Tout ça pour ne pas dire "moi".
Mais tout le monde t’a vu.
Toi, ancien ministre.
Toi, maintenant directeur d’un centre où on surveille les poissons mais pas la conscience.
Toi, fondateur d’un club d’anciens courtisans pour applaudir la junte à l’unisson.
Tu veux faire croire que Monénembo exagère ?
Mais ce pays a été livré aux barbares, il l’a dit. Et tu le sais.
"Plus il vole, plus on chante ses louanges ; plus il tue, plus on le supplie de conserver le pouvoir."
Voilà la phrase qui t’a arraché l’honneur comme on arrache une moustiquaire trouée.
Alors tu parles de folie. Tu veux noyer l’encre dans la généralité.
Mais la vérité, elle, est précise. Elle est pointue. Elle pique. Et elle fait mal quand on a des choses à se reprocher.
Toi, tu voulais que les écrivains chantent le pouvoir.
Monénembo a chanté le peuple. Et tu l’as pris comme une offense.
Mais quand il dit :
"Jamais nos élites n’ont été aussi puantes."
il ne parle pas pour plaire. Il parle pour qu’on se réveille.
Et toi, Guillaume, tu dors. Tu rêves de paix dans un pays en guerre contre lui-même.
Tu fais le sage quand les sages eux-mêmes ont fui.
Tu dis qu’on doit écrire doucement.
Mais qui peut écrire doucement quand les morts s’empilent ? Quand les disparus ne reviennent pas ? Quand le peuple n’attend plus rien ?
Tu veux des mots tièdes. Monénembo a donné le feu.
Alors tu t’es brûlé. Et au lieu de demander pardon, tu as accusé le feu d’être fou.
Mais non.
Le fou, c’est celui qui se met entre la vérité et son cri.
Alpha Bacar Guilédji
« Écrasons l’infâme »