Tibou Kamara, Guillaume Hawing : querelle de chiffonniers !

Ah, la Guinée ! Ce pays où la politique ressemble à une foire d’empoigne permanente, où les débats d’idées se réduisent à un pugilat verbal entre hommes aux égos hypertrophiés. Cette fois-ci, nous avons droit à un duel de haut vol entre Tibou Kamara [Doit-on utiliser un canon pour tuer une mouche ? (Par Tibou Kamara)], l’acrobate politique aux mille visages, et Guillaume Hawing [Qui a failli institutionnaliser la démagogie en République de Guinée ? (Par Guillaume Hawing) ; Quand deux élèves se rencontrent, le moins intelligent se met toujours à l’imparfait (Par Guillaume Hawing)], l’arriviste en service commandé. Un combat d’arrière-cuisine où l’on se jette des seaux d’immondices à la figure, avec un raffinement tout relatif.

 

D’un côté, Tibou Kamara, ancien ministre, profession : survivant du système. Lui, c’est le chat du pouvoir, qui retombe toujours sur ses pattes, prêt à changer de couleur au gré des saisons. Il a côtoyé tous les régimes, a goûté à toutes les gamelles, et aujourd’hui, il feint l’indignation. On le découvre soudain grand pourfendeur de la médiocrité, lui qui a toujours su composer avec elle, la flatter, la servir et s’en nourrir. Mais que diable ! Il a trouvé son Judas : Guillaume Hawing.

 

Et l’accusé ? L’ancien ministre de l’Éducation, homme pressé d’oublier son propre passage à la moulinette, qui croit bon de répondre par une salve d’injures dignes d’une rixe de marché. Son argument principal ? Tibou Kamara serait le père fondateur de la démagogie en Guinée. Rien que ça ! On croirait entendre un voleur crier "au voleur !" en pleine rue.

 

Car enfin, de quoi parlent-ils, ces deux trublions ? L’un reproche à l’autre d’avoir saboté l’éducation. L’autre lui répond qu’il a institutionnalisé le mensonge et l’opportunisme. Tous deux ont raison. Tous deux ont tort. La Guinée est à genoux, et eux se battent pour savoir lequel a mieux contribué à sa chute.

 

Mais au fond, ce n’est pas un combat d’idées. Non, c’est une querelle de parasites évincés, un combat de crocodiles dans un marigot qui s’assèche. L’un se venge d’avoir été chassé du festin, l’autre veut prouver à ses nouveaux maîtres qu’il est un serviteur loyal. Car dans ce pays, le pouvoir se gagne moins par la compétence que par la capacité à aboyer au bon moment et contre la bonne cible.

 

Pendant que ces deux énergumènes s’entre-déchirent, qui en profite ? Le CNRD, bien entendu, ce pouvoir de transition qui observe la scène d’un œil amusé, voyant s’écharper ceux qui, hier encore, se disputaient les miettes d’Alpha Condé.

 

Moralité ? Il n’y en a pas. La Guinée restera ce vaste théâtre où les clowns s’entretuent pour un trône en carton, pendant que le peuple, lui, continue d’attendre un miracle.

 

Alpha Bacar Guilédji 

"Écrasons l’infâme"

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