Nous avons déjà abordé une autre phase qui est marquée dans l’article 2 de notre charte de la transition, c’est la refondation. Selon cet article de notre charte, la refondation de l’État faisait partie des étapes de la transition et on est déjà dans cette étape-là. Il faut que les gens essayent de lire très bien les textes, au lieu de se focaliser sur des accords

Ousmane Gaoual Diallo - Africaguinee.com

Refondation ou prétexte pour durer ?

Il faut bien se poser la question : si aucun des points du chronogramme négocié avec la CEDEAO n’a été réalisé, où en est réellement la refondation tant proclamée par le CNRD ? Ce chronogramme, rappelons-le, n’était pas qu’un assemblage d’intentions ; il constituait une feuille de route claire et pragmatique pour redresser le pays. Une nouvelle Constitution, des réformes électorales, une administration modernisée, des élections crédibles… Tout cela n’était-il pas précisément la définition même de la refondation ?

 

Pourtant, rien. Pas une étape franchie. Tout reste lettre morte. Alors, que faut-il en conclure ? Que la refondation, telle qu’elle est brandie aujourd’hui, n’a été qu’un concept vidé de son sens, un prétexte commode pour justifier une transition sans fin. Les grands mots masquent souvent de petites ambitions, et ici, l’absence de résultats concrets trahit une volonté manifeste de pérenniser le statu quo.

 

Une refondation sans substance

 

Invoquer l’article 2 de la Charte de la transition ne suffit pas à masquer les manquements. Oui, cet article évoque la refondation de l’État, le renforcement de la justice, l’organisation d’élections et l’adoption d’une nouvelle Constitution. Mais ces objectifs ne sont que des slogans s’ils ne s’accompagnent pas d’actions concrètes et de résultats mesurables. Or, jusqu’à présent, nous n’avons vu ni calendrier clair, ni réformes structurelles abouties, ni même un effort sincère pour suivre la feuille de route convenue.

 

Ce qui est en jeu

 

Au fond, la vraie question est simple : si le CNRD se réclame de la refondation, pourquoi n’a-t-il pas respecté le chronogramme, qui en était une vision opérationnelle ? Pourquoi ne voit-on pas de progrès tangibles sur des sujets aussi essentiels que la Constitution ou l’organisation d’élections ? En l’absence de réponses, il devient difficile de ne pas conclure que cette refondation n’est qu’un outil rhétorique, une façade pour retarder indéfiniment le retour à l’ordre constitutionnel.

 

En guise de conclusion

 

La refondation ne peut pas être une abstraction. Elle doit se traduire par des réformes visibles, mesurables et conformes aux engagements pris. Mais aujourd’hui, force est de constater qu’elle a été détournée de son sens pour devenir un alibi, un écran de fumée destiné à justifier l’immobilisme.

 

Les Guinéens méritent mieux que des promesses vides. Ils méritent une transition qui mène à quelque chose, et non une transition qui dure pour elle-même. Refonder l’État ? Oui, mais pas au prix de trahir les attentes de tout un peuple.

 

Alpha Bacar Guilédji 

"Écrasons l’infâme"

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