Morissanda Kouyaté "brasse de l'air" en Afrique du Sud
17 déc. 2024Morissanda Kouyaté, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et des guinéens établis à l’étranger
En visite en Afrique du Sud, Morissanda Kouyaté, ministre des Affaires étrangères, s’est illustré par un discours aux accents de grande promesse, affirmant que la Guinée suivra les traces de Dubaï. "Il y a 50 ans, Dubaï, c’était du sable", a-t-il lancé avec une assurance digne des griots du Manding. Mais tandis que Dubaï s’élève fièrement avec ses gratte-ciels, la Guinée, elle, peine encore à poser ses fondations, prisonnière des bowés où l’on extrait la bauxite ou du mirage que représente le projet Simandou.
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Comparer Conakry à Dubaï, c’est comme affirmer que la route Conakry-Labé et l’autoroute N°2 d’Afrique du Sud (voir photo ci-dessus) se valent sous prétexte qu’elles mènent quelque part. Dubaï a bâti sa réussite sur une vision claire, un environnement favorable aux investissements et une gestion rigoureuse. Pendant ce temps, la Guinée navigue encore entre délestages incessants, projets inachevés ou simplement factices et discours enflammés. Là où Dubaï brille de mille feux, Conakry vacille encore dans l’obscurité des coupures de courant.
Morissanda Kouyaté a ensuite rappelé aux Guinéens de la diaspora que "tous les citoyens sont égaux". Noble déclaration, sauf qu’en Guinée, certains sont un peu plus égaux que d’autres. Le ministre rejette l’idée d’exclure Mamadi Doumbouya des futures élections, malgré la Charte de la Transition qui l’interdit clairement. Alors, faut-il rappeler que les règles sont faites pour être respectées, et non ajustées comme un pagne à la taille du pouvoir ?
Pour appuyer ses propos, Kouyaté a invoqué Nelson Mandela. Ah, Mandela ! Symbole de renoncement et d’humilité, il a quitté le pouvoir après un mandat unique, sans chercher à graver son nom dans le marbre de la constitution. Comparer Mandela à Doumbouya, c’est un peu comme dire qu’un griot et un DJ jouent la même musique. Les intentions et les rythmes ne sont pas les mêmes (tchoboti !).
Quant à la célèbre "boulimie pantagruélique d’infrastructures" attribuée à Mamadi Doumbouya et vantée par le ministre, elle laisse perplexe. Espérons que cette frénésie ne finira pas par une indigestion de projets inachevés, à l’image de ces routes qui démarrent dans l’euphorie des discours inauguraux et s’achèvent en sentiers poussiéreux. Avant de rêver aux autoroutes du futur, il serait sans doute plus judicieux de commencer par boucher les innombrables nids-de-poule des routes existantes.
En réalité, les propos de Morissanda Kouyaté traduisent un fossé criant entre des ambitions grandiloquentes et la réalité quotidienne des Guinéens. Le peuple n’a que faire de comparaisons exotiques et de mirages lointains. Ce qu’il attend, ce sont des actes concrets : des routes praticables, une électricité stable, des établissements scolaires et des hôpitaux publics de qualité, et des dirigeants qui tiennent parole. Il est grand temps d’abandonner les chimères pour des actions tangibles, afin que les rêves de grandeur ne finissent pas par se transformer en désillusions amères pour Conakry.
Alpha Bacar Guilédji
"Écrasons l’infâme"