Les masques du mensonge politique : le CNRD à l’épreuve de la vérité littéraire

Depuis son arrivée au pouvoir, le CNRD a développé une stratégie politique marquée par des promesses non tenues, des contradictions flagrantes et une manipulation systématique des faits. Ce phénomène, largement critiqué, peut être éclairé par des figures littéraires symbolisant les mensonges en politique. Les œuvres de George Orwell, Molière, Shakespeare et Mikhaïl Boulgakov offrent des clés pour comprendre comment le mensonge devient une arme de pouvoir.

 

1. Big Brother : le mensonge systémique pour maintenir le pouvoir

 

Dans 1984, George Orwell décrit une société où le mensonge est institutionnalisé. Big Brother, figure omniprésente mais invisible, incarne une propagande qui falsifie les faits pour maintenir un régime autoritaire. Le slogan « La guerre, c’est la paix ; la liberté, c’est l’esclavage ; l’ignorance, c’est la force » illustre cette manipulation.

 

En Guinée, la rhétorique du CNRD autour de la « refondation » s’apparente à cette distorsion systémique de la réalité. Alors qu’il promettait un retour rapide à l’ordre constitutionnel, la transition s’est enlisée dans des justifications confuses et contradictoires. L’interdiction des manifestations, décrétée pour préserver l’ordre, agit plutôt comme une arme pour museler l’opposition.

 

« Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Qui contrôle le présent contrôle le passé. » (1984, Orwell).

 

Le CNRD, en réécrivant les objectifs de la transition, cherche à imposer sa version des événements pour légitimer son maintien au pouvoir.

 

2. Tartuffe : l’hypocrisie au service de l’ambition

 

Dans Le Tartuffe de Molière, le personnage principal se présente comme un homme pieux, mais exploite cette image pour tromper et dominer. Tartuffe incarne l’hypocrisie politique et religieuse, mettant en lumière les impostures des dirigeants qui prônent des valeurs qu’ils ne respectent pas.

 

Le CNRD, en dénonçant la corruption du régime précédent, a adopté une posture morale pour justifier son coup d’État. Pourtant, des pratiques comme l’opacité des contrats miniers et les soupçons d’enrichissement personnel sapent ce discours. Comme Tartuffe, les actions du CNRD révèlent un fossé entre les paroles et les actes.

 

« Couvrez ce sein que je ne saurais voir. » (Le Tartuffe, Molière).

 

Cette phrase illustre l’hypocrisie de ceux qui feignent l’indignation morale pour masquer leurs propres abus.

 

3. Iago : la manipulation comme méthode

 

Dans Othello, Shakespeare dépeint Iago comme un maître de la manipulation, utilisant des mensonges pour semer la discorde et détruire ceux qui lui font confiance. Sa stratégie repose sur l’exploitation des failles humaines et des illusions collectives.

 

Le CNRD a, de manière similaire, cultivé l’espoir d’une transition démocratique pour séduire la population et les partenaires internationaux. Pourtant, ses actions, comme l’interdiction des partis politiques jugés « non conformes », révèlent une volonté de consolider son pouvoir plutôt que de respecter ses engagements.

 

« Je ne suis pas ce que je suis. » (Othello, Acte I, Scène I, Iago, Shakespeare).

 

Cette phrase d’Iago reflète la duplicité des dirigeants qui dissimulent leurs véritables intentions derrière un masque de vertu.

 

4. Les porcs de La Ferme des animaux : la révision des règles

 

Dans La Ferme des animaux, Orwell décrit comment les porcs, une fois au pouvoir, modifient progressivement les lois pour servir leurs intérêts. Le célèbre commandement « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres » illustre cette corruption.

 

De la même manière, le décret du 9 août 2023, qui permet au CNRD de nommer les membres des conseils de quartier, traduit une centralisation autoritaire sous couvert de refondation. Ce type de manœuvre sape les bases de la gouvernance locale et éloigne davantage le pays des principes démocratiques.

 

« Les promesses d’aujourd’hui sont les lois révisées de demain. » (La Ferme des animaux, Georges Orwell).

 

Le CNRD adapte les règles du jeu politique à son avantage, comme les porcs modifient les commandements de la ferme.

 

5. Pilate : le silence complice

 

Dans Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, Pilate incarne la lâcheté politique. Refusant de défendre la vérité par peur de perdre son statut, il livre Jésus à ses accusateurs tout en gardant une posture de neutralité.

 

Face aux disparitions forcées et aux décès en détention, comme ceux du Colonel Célestin Bilivogui ou du Dr Mohamed Dioubaté, le silence du CNRD rappelle cette lâcheté. En omettant de reconnaître ou d’expliquer ces événements, le régime choisit la complicité plutôt que la transparence.

 

« La lâcheté est le plus grand des péchés. » (Le Maître et Marguerite, Boulgakov).

 

Ce silence volontaire illustre une gouvernance fondée sur l’évitement des responsabilités.

 

Conclusion : Une gouvernance qui s’écrit à l’encre du mensonge

 

Les figures littéraires explorées éclairent les stratégies politiques du CNRD, où le mensonge se déploie sous diverses formes : manipulation systémique, hypocrisie morale, révision des règles et silence complice. À l’instar de Big Brother, Tartuffe, Iago, les porcs de La Ferme des animaux ou encore Pilate, le régime guinéen illustre comment le mensonge, lorsqu’il devient un outil de gouvernance, détruit la confiance, manipule les institutions et fragilise les fondements mêmes de la société.

 

Cependant, l’histoire comme la littérature enseignent que ces dynamiques, bien qu’efficaces à court terme, portent en elles les germes de leur propre effondrement. Le mensonge finit toujours par se heurter à la réalité. En Guinée, la défiance croissante de la population, l’attention accrue des partenaires internationaux et l’usure naturelle d’un pouvoir autoritaire annoncent déjà les limites de cette stratégie.

 

Comme l’écrit George Orwell dans 1984 : « Dans une époque de tromperie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire. » Les citoyens guinéens, en quête de justice et de transparence, rappellent quotidiennement que le silence et les artifices ne peuvent étouffer indéfiniment la voix de la vérité. Ce constat n’est pas seulement une leçon littéraire : il est une réalité politique universelle.

 

Le CNRD, s’il veut espérer laisser une empreinte positive dans l’histoire du pays, devra renoncer à l’arme du mensonge pour embrasser celle de la vérité, aussi difficile soit-elle à porter. À défaut, son héritage ne sera qu’une répétition des tragédies décrites dans les œuvres qui, encore aujourd’hui, nous mettent en garde contre les dangers de l’abus de pouvoir.

 

Alpha Bacar Guilédji 

"Écrasons l’infâme"

 

 

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