Le CNRD, champion de la transition... et du football !
15 déc. 2024Ah, les tournois de football, cette arme secrète du CNRD pour refonder l’État guinéen. Après Boké, Kindia, Labé, Kankan et l’inoubliable N’Zérékoré – on y reviendra –, voici Conakry, dernière étape de cette formidable tournée de refondation. Du 17 décembre 2024 au 4 janvier 2025, les Guinéens pourront donc applaudir les talents sportifs locaux tout en célébrant, bien sûr, les acquis de la transition sous le leadership éclairé de Mamadi Doumbouya. Applaudissements !
Drame ? Quel drame ?
Évidemment, il serait inconvenant de parler du tournoi de N’Zérékoré sans évoquer ses 150 victimes tragiquement piétinées dans la confusion générale. Mais au CNRD, l’important, c’est de regarder devant. Pourquoi perdre du temps à organiser des funérailles nationales ou à établir des responsabilités quand on peut planifier la prochaine compétition ? Après tout, le football ne serait-il pas le meilleur baume pour les cœurs brisés ? Les familles endeuillées comprendront sûrement qu’un penalty vaut bien plus qu’une enquête.
Mamadi Doumbouya, ballon d’or de la transition
Derrière cette fièvre sportive se cache une stratégie limpide : préparer le terrain pour la candidature non officielle mais tout sauf imprévue de Mamadi Doumbouya. Chaque tournoi est une tribune déguisée où l’on vante la refondation, la cohésion sociale, et autres grands mots creux. Mais ce qu’on célèbre réellement, c’est la montée en puissance d’un capitaine prêt à transformer son brassard de transition en étoile présidentielle.
Soyons honnêtes : ce n’est plus du football, c’est un échauffement électoral. D’ailleurs, ne soyez pas surpris si le prochain trophée porte l’inscription : « Mamadi 2025, l’homme du match ».
La cohésion sociale au coup d’envoi
On nous vend ces tournois comme des vecteurs de cohésion sociale. Mais peut-on vraiment parler de cohésion alors que les disparitions forcées, les répressions et les tensions ethniques continuent de diviser le pays ? Peut-être que le CNRD confond cohésion sociale et faire courir tout le monde derrière un ballon.
Et parlons-en de la cohésion sociale : à N’Zérékoré, elle s’est traduite par des tribunes surchargées, des débordements et des vies brisées. Mais à Conakry, promis, tout ira bien. Les Conakrykas sont cordialement invités à venir chanter, danser et applaudir, comme si de rien n’était.
La Guinée, championne… du déni
Pendant ce temps, les vrais défis du pays restent sur la touche. Électricité, éducation, justice pour les victimes : tout cela attendra la mi-temps. Et si quelqu’un ose critiquer, il est immédiatement rappelé à l’ordre : « Mais regardez donc comme nos jeunes brillent sur le terrain ! »
Ce tournoi est le parfait symbole de la transition : une belle illusion, bien organisée, où le spectacle masque habilement les dysfonctionnements profonds. Mais les Guinéens ne sont pas dupes. Ils savent qu’un gouvernement qui passe son temps à dribbler les vraies questions finit toujours par marquer contre son propre camp.
Et après ?
Une chose est sûre : au rythme où vont les choses, la finale de ce grand championnat pourrait bien se jouer en 2025, dans des urnes cette fois. Reste à savoir si les Guinéens seront spectateurs ou joueurs dans ce match décisif. En attendant, préparez vos crampons et vos vuvuzelas : le CNRD a déjà gagné le championnat… du déni et de la propagande.
Communiqué de la ville de Conakry