Une année, deux mois et quatre jours.  Le temps pour comprendre la Guinée et de proposer. Pr Alpha Amadou Bano Barry
Une année, deux mois et quatre jours.  Le temps pour comprendre la Guinée et de proposer. Pr Alpha Amadou Bano Barry

Au cœur de cet essai se trouve la question de l'incapacité des dirigeants guinéens à tirer parti des ressources naturelles du pays pour en faire des richesses nationales.

Trois problèmes principaux sont identifiés : la qualité insuffisante des ressources humaines due à l'éducation déficiente, les lacunes du système administratif et un système politique générant des potentats locaux.

Cette faiblesse des ressources humaines entrave la transformation du potentiel en richesses, impactant tous les secteurs de la société guinéenne.

L'éducation défaillante produit des diplômés sans compétences, privilégiant la mémorisation plutôt que la compréhension. Pour remédier à cette situation, une refonte complète du système éducatif est nécessaire, ainsi qu'une nouvelle gouvernance dans le secteur éducatif.

En outre, des réformes structurelles de l'administration publique sont requises, incluant la rationalisation des procédures, la digitalisation, et la transparence dans la gestion.

Enfin, une transition vers un régime présidentiel avec une séparation des pouvoirs est préconisée, accompagnée d'une limitation des pouvoirs de nomination du président.

Voilà les grands axes synthétiques des thèses de l'auteur. 

Au fur et à mesure de la lecture, l'introduction expose les désillusions de l'auteur après son éviction consécutive au troisième mandat, pointant du doigt l'humiliation des élites, un héritage du régime de Sékou Touré. Il évoque son parcours universitaire et son expérience dans l'administration, soulevant les obstacles rencontrés. Pages 19 à 23

Dans le chapitre suivant, "l'état des lieux", l'auteur dresse un diagnostic approfondi de la situation guinéenne, critiquant le perpétuel recommencement des réquisitoires politiques:

Bref, chaque groupe d'hommes en prenant le pouvoir à dressé un réquisitoire implacable contre ses prédécesseurs. Sékou Touré et ses compagnons d'indépendance ont dit du colon et de la chefferie ce que le CMRN reprendra à son compte contre les dirigeants du PDG. Ceux qui ont succédé au CMRN, le CNDD, le RPG, le CNRD ont fait le même exercice : " le précédent est mauvais et l'actuel est parfait et sans défaut "

Page 28

Cette analyse se retrouve des pages 32 à 34, où il démonte l'argument de l'ethnocentrisme tout en reconnaissant l'existence de l'ethno-stratégie au sein des élites :

"...l'ethnicité au niveau des élites administratives, politiques et commerciales est une stratégie individuelle qui permet d'accéder aux ressources de l'Etat. C'est une variable que les uns et les autres activent pour éliminer la concurrence dans l'accès aux marchés publics, aux postes "juteux" des régies financières et des postes de collecte des données"

Page 33

Et plus loin, " En réalité, l'ethnie, l'âge, le sexe, le handicap, la région, ne sont rien d'autres que des variables que certains activent pour éliminer la concurrence, en vendant une catégorie "naturelle" en lieu et place de la compétence qu'ils ne possèdent pas". Page 33

Le chapitre II, traitant de la faiblesse du capital humain guinéen, il aborde l'insuffisance des investissements dans l'éducation, le manque de qualité du personnel administratif. Cette réflexion s'étend des pages 35 à 106, bénéficiant de l'expertise de l'auteur ayant évolué dans le domaine éducatif et ministériel :

"...de tous les maux de la Guinée, le mal le plus important, celui qui affecte tous les autres, est la faiblesse en quantité et en qualité de ses ressources humaines, son capital humain."

Page 35

Dans le chapitre IV, centré sur la gestion financière publique, l'auteur met en lumière les lourdeurs administratives, le népotisme, et les mécanismes de fraude. Cette analyse est développée à partir de la page 147, reflétant l'expérience ministérielle de l'auteur.

Dans la seconde partie de l'essai, intitulée "Que faut-il faire", l'auteur propose des réformes éducatives détaillées, témoignant de sa connaissance approfondie du sujet. Ces propositions sont dévoilées des pages 175 à 216. Enfin, des réformes institutionnelles et administratives sont également évoquées, couvrant les pages 151 à 174.

Le livre adopte un style simple, rendant son contenu accessible à tous. Il aborde largement le concept de néopatrimonialisme tel que développé par Jean-François Médard dans son ouvrage "L'État néo-patrimonial en Afrique noire" (Karthala, 1991). L'ouvrage fait également référence à l'œuvre classique de Jean-François Bayart, "L'État en Afrique", quant aux luttes des composantes nationales pour l'accès aux ressources de l'Etat et le rapport aux institutions financières internationales de l'aide au développement.

J'ai beaucoup aimé et je le recommande vivement !

Une année, deux mois et quatre jours. Le temps pour comprendre la Guinée et proposer.

Pr Alpha Amadou Bano Barry 

Éditions L’Harmattan Guinée 

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