Les coups d’état militaires en Afrique ou la mauvaise solution pour des réels problèmes

Alpha Saliou Wann Tribune, Politique …

05 sept. 2023

Les coups d’état militaires en Afrique francophone ou la mauvaise solution pour des réels problèmes.
Sans une analyse objective, rationnelle de la problématique de nos états, nous tomberons toujours de Charybde en Scylla.

Tel semble être l'avis de Monsieur Alpha Saliou Wann, acteur et non des moindres, de la société civile guinéenne, fin connaisseur des réalités politiques de notre pays et celles africaines en général. Comme beaucoup d'autres auteurs spécialistes du développement, acteurs civils et politiques du continent, il affirme sans fioritures le lien symbiotique entre l'avènement de l'état de droit et le développement socio-économique.

Graphique des coups d’état de 1950 à 2023 sur le continent africain

Certains prétendent que les principes moraux sont morts en politique, il n'en est rien.
Quoiqu'on dise, l'Occident s'est bâti autour des principes et des valeurs.
Face à la menace hitlérienne, les démocraties occidentales ont fait la guerre contre l'Allemagne nazie afin de sauver l'Europe du fascisme.

Les élites africaines ne croient en rien. Quel africain peut-il affirmer que notre valeur ancestrale de respect de la parole donnée est importée d'ailleurs ?
Or, toutes les crises politiques qui frappent nos pays ont pour cause la violation de cette valeur cardinale de nos aïeux.

Tous les pays africains ont adopté librement leurs Constitutions. Qui contraint nos dirigeants à violer leur serment ?
Nos lois autorisent-elles l'armée à s'emparer du pouvoir politique ? Est-ce sa vocation constitutionnelle à faire de la politique ?
Les évènements dramatiques qui frappent certains pays livrés à la férule des militaires dénotent l'incapacité congénitale des élites africaines à respecter les règles.

Tenez par exemple cette monstruosité juridique n'est possible qu'en Afrique : des putschistes qui prêtent serment devant la Cour constitutionnelle, c'est-à-dire les gardiens de la Constitution qu'ils viennent de violer.
C'est bien commode d'accuser un bouc-émissaire comme responsable de nos malheurs que de reconnaître sa forfaiture. C'est bien facile de mobiliser des masses populaires ignorantes chauffées à blanc pour crier "France dégage" que de respecter les propres lois de son pays.

Personne ne nous fait confiance. Pourquoi s'engager durablement dans des pays où sévissent en toute impunité des hors-la-loi ? Qui va investir ses capitaux dans des cavernes ténébreux à gros risques juridiques ?

Évidemment, il y a quelques pays qui font exception à la règle générale. Mais selon la Banque mondiale, il y a en Afrique 22 États fragiles et 13 petits États faiblement peuplés aux territoires exigus et disposant d'un capital humain limité. La majorité de nos États ne sont pas viables pris individuellement, d'où la nécessité vitale des regroupements régionaux comme la CEDEAO.

L'Afrique est un nain économique qui pèse moins de 3% du commerce mondial. Elle exporte à vil prix essentiellement des matières premières et importe à des prix exorbitants des produits manufacturés et des biens de consommation y compris des produits alimentaires. Elle a donc un vrai problème d'industrialisation qui requiert des investissements importants.

Ce sont les pays asiatiques qui ont su attirer les capitaux occidentaux et les transferts de technologies et de compétences en gestion et organisation. Ils sont devenus des économies émergentes qui se lancent à leur tour à la conquête de l'Afrique.
Et c'est là où vous devez faire le lien avec la confiance des investisseurs internationaux en nos pays. Si vous continuez à soutenir des hors-la-loi, l'Afrique restera exclusivement un réservoir de matières premières pour les puissances économiques mondiales.